Malgré une connaissance plutôt limitée en France à son sujet, Il suffit pourtant d’ouvrir les tiroirs des bibliothèques pour (re)découvrir l’œuvre de Théodore Dubois. Compositeur, organiste et surtout pédagogue, Accent 4 rend hommage à l’un des directeurs du Conservatoire de Paris et académicien le 11 juin – jour anniversaire de sa disparition de 6h à 10h – et le 14 juin dans une émission spéciale des plaisirs de la musique de 18h à 20h.
François Clément Théodore Dubois naît à Rosnay le 24 août 1837 dans une famille de vanniers. Emporté par la typhoïde, son père ne verra jamais le jeune garçon de dix ans revenir fièrement de la cathédrale de Reims en disant : « je veux être organiste ». Sur ces mots, son grand-père lui achète son premier harmonium et, lui-même organiste de Gueux, lui donne ses premiers cours de musique. Se rendant dans la capitale champenoise auprès de Mademoiselle Charpentier puis de Louis Fanart – titulaire des grandes orgues de Reims – l’étudiant perfectionne son jeu dans le prestigieux Conservatoire de Paris à partir de 1854, grâce au soutien financier du Vicomte de Breuil. Formé par la fine fleur artistique, le presque vingtenaire accède à la tribune de la chapelle des Invalides (entre 1855 et 1858) puis à celle de Sainte-Clotilde suivant César Franck, y compris au poste de maître de chapelle. A sa sortie du Conservatoire, Dubois cumule les récompenses ; « harmonie et accompagnement » et « contrepoint et fugue » ce qui le conduit en Italie où il remporte le Premier Grand prix de Rome avec sa cantate Atala en 1861. Sa carrière est toute tracée : il sera compositeur.
A son retour de la Villa Médicis, Dubois accède aux prisés claviers de la Madeleine qu’il cédera rapidement à Gabriel Fauré. Commence alors pour lui un réel besoin d’écrire pour tous les genres avec une prédilection pour l’orgue bien sûr. Entre les opus pianistiques, subsistent aussi plusieurs chefs-d’œuvre vocaux allant de l’oratorio à l’opéra. Son librettiste Louis Gallet signe par exemple la Xavière, une œuvre créée salle Favart dans laquelle les questions d’héritages et les amourettes du curé Fulcran ou du berger Galibert, nous plongent dans un véritable palimpseste de la toute fin du XIXe siècle. Au total plus de 350 partitions nous sont parvenues dont un bon tiers de transcriptions.
Le Conservatoire qui l’a vu grandir lui offre dès 1871 le poste de professeur d’harmonie. Cependant, la composition l’intéresse davantage et ainsi en 1890 succédant à Leo Delibes, Dubois est nommé professeur de composition, place qu’il occupera six ans durant. Au tournant du siècle, il accepte la fonction de directeur du Conservatoire précédent ici aussi Fauré. Devenu immortel en 1894 – succédant à Charles Gounod – il consacre son rare temps libre à la pédagogie. A l’aube de ses quatre-vingts ans, il publie un Traité de contrepoint et de fugue puis un Traité d’Harmonie.
A noter…
Matinale exceptionnelle consacrée à Théodore Dubois le 11 juin de 6h à 9h. Présence de son arrière-petit-fils, Francis Dubois.
14 juin de 18h à 20h dans Les plaisirs de la musique présenté par Victor-Emmanuel Huss
Dans son journal, véritable témoignage de la Grande guerre, commencé le jour de ses 75 ans, apparaissent plusieurs traits de caractères et des opinions politiques très arrêtées entre les pages où l’on voit un artisan au travail…
2-6 septembre 1912
Je commence une œuvre pour piano, violoncelle et orchestre. Paul Bazelaire a jeté dans mon esprit l’idée d’une œuvre de ce genre pour lui et sa jeune femme. Lui est un artiste hors ligne, et elle une pianiste fort distinguée. Quel titre ? « Concerto », « symphonie concertante » ou « suite concertante » ? « Concerto », un peu usé, « symphonie » bien solennel ; « suite » paraît mieux approprié à la nature des idées que je veux employer au développement que je veux leur donner. Ce sera donc, je pense, une suite, et en quatre parties.
18 janvier 1913
Je vais à l’Institut, où notre confrère Paul Richer nous fait une conférence sur l’authenticité du crâne de Descartes qui est au Museum ?! On n’est pas beaucoup plus avancé après qu’avant !
19 mars 1913
Chute du ministre Briand sur un vote du Sénat à propos de la réforme électorale. Un changement de ministre est surtout fâcheux en ce moment où la situation extérieure est si inquiétante, en raison des armements formidables de l’Allemagne qui ne peuvent menacer que nous. Au lieu de voter la loi de trois ans, urgente pour notre défense nationale, les chambres et les politiciens ergotent et chicanent à propos de représentation proportionnelle et de l’école laïque ! Il s’agit bien de cela quand l’Allemand guette le moment de tomber sur sa proie future et de la dévorer ! Pauvre pays aveugle, déchiré par les passions politiques et affaibli par le parlementarisme, où grouillent tant de ratés vaniteux, dont les votes sont toujours dictés par l’intérêt personnel, c’est-à-dire par l’envie féroce d’être réélus !
Comment tout cela finira-t-il ?!
14 juillet 1913
Fête nationale. J’offre le champagne aux pompiers ! Il faut bien faire de la popularité !
Victor Emmanuel HUSS et Laurent GENVO
Retrouvez l’entretien complet de Francis Dubois, arrière petit fils du compositeur, en avant première juste ici :