(C) Bernard Allemane – INA
Au Festival de Strasbourg en 1959, Samson François signait aussi avec l’Orchestre municipal de Strasbourg – sous la direction de Louis Martin – un mémorable concert en juin 1961. Au sommet de sa gloire, ce pianiste d’exception est né un 18 mai. Retour à l’occasion de ce jour anniversaire sur sa (trop) courte vie.
Connu pour sa maîtrise du répertoire classique, romantique et contemporain, Samson François est le premier à signer pour la firme EMI des intégrales de Ravel, Chopin, Schumann et Prokofiev. Grand amateur de jazz, ce polyglotte est né en Allemagne le 18 mai 1924. Comme son père était diplomate au Consulat de France, il est contraint toute son enfance de le suivre au gré des mutations professionnelles. A l’âge de deux ans, nous confie-il, il aurait commencé le piano. Toujours sujette à caution, ces affirmations mentionnent aussi un concerto de Mozart à six ans sous la baguette de Mascagni… Quoiqu’il en soit les rares témoins directs de ce jeune prodige confirment tous que l’enfant se métamorphose en adulte miniature incroyablement concentré lorsqu’il s’assied au piano. Après un court passage au Conservatoire de Belgrade où il obtient le premier prix, ses études pianistiques le conduisent auprès d’Alfred Cortot à Nice. Encouragé par le maître à se rendre dans la capitale, Samson François suit ses conseils et intègre l’Ecole Normale de musique. Classe d’Yvonne Lefèbure. En 1938, il rejoint les élèves de Marguerite Long au Conservatoire de Paris où il ressort avec un premier prix en 1940. « Le plus remarquable représentant de l’école française du piano » remporte trois ans plus tard le concours Long-Thibaud. Commence alors pour lui une carrière « étincelante ».
Une vie comme une « partition échevelée et nonchalante à la fois »
Un « héros de roman du XVIIIe siècle » souffle Claude Santelli – dans la courte biographie qu’il laisse dans le livret de l’intégrale pour piano solo de Ravel – qui se relève de la guerre par de multiples concerts outre-Manche et outre-Atlantique. En 1947, il rencontre ainsi le succès auprès de Leonard Bernstein alors à New York. Le concertiste est d’ailleurs le premier pianiste occidental invité d’honneur de l’URSS en 1956. Ses tournées l’emmèneront jusqu’en Chine en 1964. Son unique fils, Maximilien, reprendra une déclaration de son père « Je n’ai pas une, mais mille vies » pour écrire une biographie à son sujet. Retiré dans sa maison de Menton, ces rares moments sans journalistes ne lui offrent qu’un court répit entre les oliviers et le chant des cigales puisqu’il meurt prématurément d’un second infarctus à 46 ans. L’intégrale Debussy restera pour toujours inachevée sous les doigts réputés du musicien.
« Ma vie est à moi et j’en use à ma guise. Mais dès qu’il s’agit de musique je ne suis plus seul en cause et je reprends tout mon sérieux. Car je ne suis pas un pianiste de fantaisie, mais un artiste sincère ! »
Samson François
A l’époque où l’on fumait encore sur les plateaux de l’ORTF, les caméras de Denise Glaser captent le 4 février 1959 ce rare moment de répétition avant Discorama.
Par Victor Emmanuel HUSS