Le monde de l’opéra pleure la disparition de Luigi Alva, ténor péruvien légendaire, décédé le 15 mai 2025 à l’âge de 98 ans à Mariano Comense, en Italie. Considéré comme l’un des plus grands interprètes du répertoire belcantiste, il a marqué de son élégance vocale et de sa diction limpide les scènes lyriques du XXe siècle.

Des débuts prometteurs au Pérou
Né le 10 avril 1927 à Paita, au Pérou, sous le nom de Luis Ernesto Alva y Talledo, Luigi Alva ne se destinait pas initialement à la musique. Engagé dans la marine péruvienne, c’est sa rencontre avec la professeure Rosa Mercedes Ayarza de Morales qui changea le cours de sa vie. Séduite par sa voix, elle l’encouragea à étudier le chant au Conservatorio Nacional de Música de Lima. Il y fit ses débuts en 1949 dans la zarzuela Luisa Fernanda de Federico Moreno Torroba.
Ascension internationale
En 1953, Alva s’installe à Milan pour parfaire sa formation auprès d’Emilio Ghirardini et Ettore Campogalliani. Il fait ses débuts européens en 1954 au Teatro Nuovo de Milan dans le rôle d’Alfredo de La Traviata de Verdi. L’année suivante, il participe à l’ouverture de la Piccola Scala dans Il matrimonio segreto de Cimarosa. Mais c’est en 1956, avec son interprétation du comte Almaviva dans Le Barbier de Séville de Rossini à La Scala, aux côtés de Maria Callas, qu’il accède à la renommée internationale.
Sa carrière le mène sur les plus grandes scènes mondiales : l’Opéra d’État de Vienne, les festivals de Salzbourg, Aix-en-Provence, Glyndebourne, Édimbourg, le Royal Opera House de Londres et le Metropolitan Opera de New York, où il débute en 1964 dans Falstaff de Verdi.(Wikipédia)
Un répertoire maîtrisé
Spécialiste du répertoire de ténor léger, Alva excelle dans les œuvres de Mozart, Rossini et Donizetti. Parmi ses rôles emblématiques figurent Don Ottavio (Don Giovanni), Ferrando (Così fan tutte), Almaviva (Il barbiere di Siviglia), Ramiro (La Cenerentola), Lindoro (L’italiana in Algeri), Nemorino (L’elisir d’amore) et Fenton (Falstaff). Sa voix lumineuse et son style élégant font de lui un interprète recherché, collaborant avec des chefs d’orchestre prestigieux tels qu’Otto Klemperer, Herbert von Karajan, Carlo Maria Giulini et Claudio Abbado.
Transmission et engagement
En 1982, Alva retourne au Pérou pour fonder la Fundación Pro Arte Lírico, visant à promouvoir l’opéra dans son pays natal. Il y organise des saisons lyriques, mettant en scène des œuvres telles que Aida, Don Giovanni, La flûte enchantée et Luisa Fernanda. Parallèlement, il enseigne à l’Académie de chant de La Scala et donne des masterclasses à travers le monde, formant une nouvelle génération de chanteurs.
En reconnaissance de sa contribution à la culture, il reçoit plusieurs distinctions, dont la Grand-Croix de l’Ordre du Soleil du Pérou en 2004.
Un héritage durable
Luigi Alva laisse derrière lui une discographie riche, comprenant des enregistrements de ses rôles phares et des mélodies latino-américaines. Son interprétation du comte Almaviva reste une référence, captée notamment dans une production télévisée de 1972.
Sa disparition marque la fin d’une époque, mais son héritage perdure à travers ses enregistrements et l’inspiration qu’il continue d’offrir aux artistes lyriques du monde entier.
Crédits photo :
- Luigi Alva dans le rôle du comte Almaviva – OperaWire
- Portrait de Luigi Alva – Scherzo
- Luigi Alva en costume de scène – Opera Scotland