Dans le paysage musical français, l’ensemble Fiatabec se distingue par son engagement passionné envers la flûte à bec. Fondé en 2014 par Christophe Formery, flûtiste à bec, claveciniste et docteur en musicologie, cet orchestre unique en son genre a pour ambition de redonner à cet instrument ancestral la place qu’il mérite sur la scène contemporaine. Alors que le groupe s’apprête à donner un concert très attendu le 11 mai prochain, Accent 4 vous emmène à la rencontre de cet ensemble singulier qui explore les mille visages d’un instrument trop souvent cantonné à des clichés.

Aux origines de Fiatabec : une intuition radicale
L’histoire de Fiatabec commence à Strasbourg, dans les couloirs du Conservatoire et de la Haute école des arts du Rhin. Plusieurs jeunes flûtistes à bec s’y croisent, échangent, expérimentent. Le constat est clair : la flûte à bec reste enfermée dans des répertoires balisés, rarement prise au sérieux sur les scènes contemporaines.
Le pari de Fiatabec est alors simple mais audacieux : fonder un ensemble exclusivement composé de flûtes à bec, avec un spectre d’approches allant de la musique ancienne à la création expérimentale, en passant par l’improvisation, la musique contemporaine, les formes scéniques hybrides et même l’humour sonore.
Une instrumentation hors normes
À l’image de leur nom facétieux, Fiatabec n’a rien d’un ensemble conventionnel. Ils jouent sur toute la famille des flûtes à bec, du petit sopranino au colossal sub-contrebasse. L’effet est saisissant : une palette de couleurs sonores insoupçonnée, qui passe de la transparence cristalline aux grondements telluriques.
Chaque musicien est multi-instrumentiste à l’intérieur de cette seule famille. Mais Fiatabec ne s’arrête pas là : leurs concerts mêlent gestes scéniques, scénographie, et parfois même humour musical. Ils font de la flûte à bec un instrument-théâtre, un objet poétique, une matière vivante.
Répertoire : entre racines et créations
Fiatabec s’empare du patrimoine baroque ou médiéval sans jamais tomber dans l’académisme. Leurs relectures jouent sur les contrastes, les ruptures, les respirations. Mais c’est surtout dans la musique d’aujourd’hui que l’ensemble trouve sa pleine liberté : œuvres contemporaines, compositions collectives, improvisations libres.
Leur programme du 11 mai à Strasbourg s’intitule Sonnent les souffles, vibrent les bois : un titre qui dit tout de leur approche. On y croisera des pièces de Sophie Lacaze, Luciano Berio, mais aussi des créations maison et des relectures audacieuses du répertoire ancien.
Fiatabec n’hésite pas à détourner les conventions : on peut y entendre des flûtes amplifiées, des sons traités en direct, des spatialisations, ou des jeux de scène où les musiciens deviennent acteurs du son.

Un collectif à géométrie variable
Loin des ensembles figés, Fiatabec est un collectif vivant. Selon les projets, ils se produisent en quatuor, sextet, voire plus. Chaque musicien apporte ses idées, sa personnalité, ses outils. Ce fonctionnement horizontal favorise l’expérimentation : les concerts sont pensés comme des laboratoires, où tout peut arriver. Mais toujours dans une recherche d’équilibre entre exigence artistique et partage immédiat avec le public.
Prochain rendez-vous
Le concert aura lieu le dimanche 11 mai à 17h, à Strasbourg (lieu détaillé à retrouver sur fiatabec.fr). Un événement rare, pour les curieux, les mélomanes et les amoureux du souffle musical.