Cette semaine, le TAPS Laiterie à Strasbourg accueille Deux ou trois choses dont je suis sûre, un spectacle puissant et sensible signé Manon Ayçoberry d’après le texte autobiographique de Dorothy Allison. Entre théâtre, musique et arts martiaux, la pièce explore la reconstruction après la violence, la transmission et la réappropriation du corps.
Sur scène, trois comédiennes et une musicienne se partagent la voix de l’autrice américaine, figure majeure de la littérature queer et ouvrière.
Leur “je” démultiplié devient un “nous” — celui de toutes celles et ceux qui, un jour, ont dû apprendre à survivre.
Les visages du “nous”
Sur scène, trois comédiennes incarnent ensemble la voix de Dorothy Allison : Chloé Aubert, Camille Falbriard et Pasiphaé Le Bras. Toutes trois font partie du noyau artistique de la compagnie L’ONDE, et leur complicité est au cœur du projet.
Formée à Toulouse puis à Paris, Chloé Aubert travaille avec Manon Ayçoberry depuis les débuts de la compagnie. Elle apporte une présence très physique, presque terrienne, au récit. Camille Falbriard, passée par le Conservatoire de Colmar et l’École supérieure de théâtre de Bordeaux, apporte un regard plus cinématographique et un sens du rythme de groupe. Quant à Pasiphaé Le Bras, issue à la fois du théâtre et de la danse contemporaine, elle fait le lien entre texte et mouvement. Leur interprétation collective donne corps au “je” démultiplié de Dorothy Allison.
Sur le plateau, la parole circule de l’une à l’autre, se répond, se complète : un travail d’écoute et d’équilibre plutôt que d’individualité.

La musique comme souffle du récit
Aux côtés des comédiennes, la compositrice Agathe Lavarel est sur scène, entre synthétiseurs, flûte et textures électroniques.
Sa musique, à la fois organique et fragile, accompagne la parole, la traverse, la relance. La musique devient un personnage à part entière et respire avec les corps, elle ouvre des espaces de silence et d’écoute. C’est une autre façon de dire la réparation.
Cette complicité entre metteuse en scène et compositrice donne au spectacle une dimension presque rituelle : la musique ne souligne pas le texte, elle l’incarne.
Nous avions déjà eu le plaisir de recevoir Agathe Lavarel, retrouvez son portrait juste ici.
Apprendre à encaisser, apprendre à se relever
Manon Ayçoberry et son équipe ont en effet intégré le karaté à leur processus de création, en suivant l’enseignement de véritables sensei. Sur scène, cette discipline devient une chorégraphie : une tension, un souffle, un mouvement collectif qui rend visible le courage obstiné de Dorothy Allison.
Avec Deux ou trois choses dont je suis sûre, la compagnie L’ONDE poursuit sa recherche d’un théâtre pluridisciplinaire, où le politique naît de l’intime.
Musique, mots, gestes et luttes s’y mêlent pour dire la possibilité d’une réparation collective.
À écouter :
Retrouvez l’interview complète de Manon Ayçoberry et Agathe Lavarel dans la matinale du vendredi 10 octobre.
Deux ou trois choses dont je suis sûre – au TAPS Laiterie à Strasbourg jusqu’au samedi 11 octobre, puis en tournée à la Maison des Arts de Créteil en novembre. Billetterie juste ici.


