Le directeur général de l’Opéra national du Rhin (OnR), Alain Perroux, a réaffirmé mercredi que la refonte complète du bâtiment historique de Strasbourg, chiffrée à 120 millions d’euros, constituait « la seule option viable » pour assurer la sécurité, la fonctionnalité et l’avenir de l’institution.
Dès 1997, la structure, classée « valeur patrimoniale moyenne », se voit serrée par un avis défavorable de la commission départementale de sécurité, pointant des dysfonctionnements sérieux dans l’accueil du public et les coulisses. Face à ces contraintes, le projet prévoit non seulement une mise aux normes drastique, mais aussi une modernisation ambitieuse : surélévation de la cage de scène, agrandissement de la fosse d’orchestre, et réaménagement complet des espaces techniques et logistiques.
Sur la jauge, le directeur balaie l’« argument de mauvaise foi » : la réduction de la capacité de 1 100 à 950 places vise à offrir une visibilité et un confort acoustique optimisés — l’actuelle salle comptant près de 500 places à visibilité réduite.
« Nous voulons 950 places où chacun verra parfaitement, plutôt que 1 100 dont la moitié du public est mal placé », souligne-t-il.
Le calendrier reste dense : le chantier doit démarrer à l’automne 2028 pour une durée estimée à cinq ans, entraînant la fermeture complète de l’édifice néoclassique pendant la durée des travaux. Une saison « hors les murs » sera mise en place dès 2028-2029, notamment au Palais des fêtes de Strasbourg, préparé pour accueillir orchestre, chœur et ballet.
Le montage financier associe l’ensemble des partenaires : la Ville de Strasbourg apporte 40 M€, l’Eurométropole 20 M€, l’État 16,6 M€, et la Région Grand Est ainsi que la Collectivité européenne d’Alsace complètent le dispositif. Les collectivités insistent sur l’importance de maintenir un opéra « à la hauteur des plus belles scènes européennes », moteur d’attractivité et de rayonnement culturel.
Si certains élus et associations locales regrettent le coût élevé, les défenseurs du projet rappellent que seule une intervention d’ampleur permettrait de concilier sécurité, accessibilité et ambition artistique. À l’heure où Strasbourg se positionne comme capitale européenne de la culture, l’OnR entend conforter sa place de pilier du patrimoine vivant et de pôle de création contemporaine.